L’axe cerveau intestins

Notre intestin est notre 2° cerveau …  c’est qu’il comporte 200 millions de neurones. On parle de système nerveux entérique, qui seconde le système nerveux central, avec lequel il communique via le nerf vague. On considère aussi qu’il produit jusqu’à 90 % de notre sérotonine…quand il va bien !

Or, l’HPI  ou  Hyperperméabilité intestinale est de plus en plus fréquente. C’est une souffrance de la muqueuse intestinale qui associe l’ouverture des jonctions serrées   à une souffrance de la bordure en brosse. La muqueuse intestinale est un organe fragile et l’écosystème intestinal, un milieu à l’équilibre précaire .Une  seule couche unicellulaire sépare notre intérieur de l’extérieur, il s’agit donc d’en prendre soin.

La muqueuse intestinale assure un rôle de protection contre des indésirables  ( virus, bactéries, mycellium, macro molécules) , et un rôle d’assimilation des nutriments.

Avec l’installation d’une HPI on assiste à un  passage augmenté de macromolécules et de micro organismes, une  entrée d’antigènes, de pathogènes, de toxines et d’aliments incomplètement digérés dans l’organisme.

Or certains de ces indésirables atteignent le système nerveux central et même certains récepteurs du cerveau.  Le cas de protéines telles que la caséine, que l’on trouve dans des laits animaux, qui sont mal  dégradées au moment de la digestion et qui passent  la barrière sous forme de peptides, est éloquent. Un article publié par une unité de recherche sur l’autisme appartenant à l’université de Sunderland en Grand Bretagne décrit «  des peptides possédant une activité opioïde dérivant de sources alimentaires , en particulier des aliments contenant du gluten et de la caséine, passent à travers une membrane intestinale anormalement perméable et entrent dans le système nerveux  central » . Le terme d’entérocolite autistique a été proposé dans les années 2000 , ainsi que  des publications dans la revue The Lancet pour parler d’une  «  nouvelle forme de  maladie intestinale inflammatoire présente chez ces enfants atteints d’un trouble de développement. » Des lésions identiques ont été constatées chez des enfants hyperactifs présentant des troubles  TDAH.

Donc des peptides alimentaires, non décomposés en Acides Aminés, passent cette barrière intestinale et fournissent  à l’organisme des peptides opioïdes  qui peuvent  expliquer de nombreux symptômes typiques de l’autisme. La caséine aboutit à la formation de peptides opioïdes appelés casomorphines. Le gluten fournit quant à lui, d’autres peptides via la gliadine appelés gliadorphines . Leur qualificatif d’opioïde signifie qu’ils se fixent aux récepteurs opioïdes du cerveau. Adopter un régime sans caséine et sans gluten améliore très souvent les choses.

L’installation d’une HPI est aussi propice au développement de levures intestinales ( cas du candida albicans) . Or des mycotoxines produites par les levures intestinales passent la barrière de la muqueuse intestinale. Certaines mycotoxines affectent les neurones cérébraux. Voici une série de signes neurologiques liés aux proliférations fongiques : fatigue, irritabilité, insomnie, dépression, fluctuation de l’humeur, pensées confuses, déficit d’attention, avec ou sans hyperactivité.

De  nombreux facteurs conduisent à l’installation d’une HPI : stress chronique, digestion stomacale laborieuse et chronique due à des mauvaises associations alimentaires et à la présence d’aliments indigestes, antibiothérapies répétées, allergies et intolérances alimentaires, grignotage entrainant une mobilisation continue des capacités digestives et une usure des organes. Le grignotage entraine  la suppression du « Migrating Motor Complex » ou MMC (complexe migrant interdigestif),  service d’auto nettoyage du grêle  qui demande de préserver un jeûne d’au moins 4 heures après un repas. Un service bien utile pour préserver notre écosystème intestinal dont il serait dommage de se priver.

L’HPI s’installe par ailleurs  dans un contexte de déséquilibre des flores intestinales  (dysbiose). L’importance d’un microbiote équilibré est de mieux en mieux documentée  et plusieurs recherches sur les maladies neuro dégénératives et maladies psychiatriques  confirment que la qualité de nos flores intestinales est essentielle dans leur prévention et leur régulation. On parle ainsi de psychomicrobiotiques et d’intelligence des bactéries.  « On a beaucoup d’argument pour dire que les pathologies mentales sont liées à des anomalies de la perméabilité intestinale. Une des fonctions du « bon » microbiote est justement de protéger la muqueuse intestinale. Donc dès que le microbiote commence à être perturbé, des molécules du tube digestif passeraient dans le sang et feraient dysfonctionner le cerveau et le reste des organes, y compris le cœur et le foie…, » (Guillaume Fond, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor et chercheur en psychiatrie à l’INSERM).

L’axe cerveau intestins n’a pas, loin de là, livrer tous ses secrets et toutes ses promesses.

En synthèse, l’amélioration des troubles TDAH passera donc par l’adoption d’une alimentation mesurée,  naturelle, «  maison » avec des produits biologiques pour  éviter  les pesticides, insecticides, métaux lourds et garantir une meilleure densité nutritionnelle . Une attention particulière sera accordée à la santé de la muqueuse intestinale, qui pourra être éventuellement soutenue par des prébiotiques et des probiotiques mais surtout un plan alimentaire adapté.

Références pour l’ensemble des 3 parties:

Dr G. MOUTON, Ecosystème intestinal et santé optimale, coll Résurgences, éd. Marco PIetteur, 3°édition, 2007.

Fabrice Papillon et Héloïse Rambert, Le ventre, notre deuxième cerveau,  Arte éditions / Tallandier, 2014

WAKEFIELD, AJ, « the gut brain axis in childhood developmental disorders », J Pediatr Gastroentérol Nutr, 2002. 34 Suppl1.

Karoly Horvath, M.D., Ph.D, Université de Liège, ,Lien entre les dysfonctions intestinales et cérébrales chez les enfants présentant des troubles autistiques  , www2.ulg.ac.be/apepa/document/horvath.pdf

Mc Cann D, Barrett A, Cooper A , et al, Food additives and hyperactive behaviour in 3 year old childreen in the community : a randomised, double blinded, placebo controlled trial, Lancet, 2007.

MASSON, Diététique de l’expérience, Guy Trédaniel, 4° éd, 2008

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